ED Sciences Physiques et de l'Ingénieur
Impact de la forêt sur le comportement hydrique du massif de la grotte de Lascaux, Dordogne (France)
par Marie LARCANCHE (I2M - Institut de Mécanique et d'Ingénierie de Bordeaux)
Cette soutenance a lieu à 14h00 - Amphi B A29 351 Cours de la Libération - A29 33400 Talence
devant le jury composé de
- Colette SIRIEIX - Professeure des universités - Université de Bordeaux - Directeur de these
- Albane SAINTENOY - Maîtresse de conférences - Université de Paris-Saclay - Rapporteur
- Rémi VALOIS - Maître de conférences - Université d'Avignon - Rapporteur
- Roger GUERIN - Professeur des universités - Université de Paris-Sorbonne - Examinateur
- Jean-Christophe DOMEC - Professeur - Bordeaux Sciences Agro - CoDirecteur de these
Cette thèse vise à comprendre les interactions entre végétation et hydrogéologie à l'amont de la grotte de Lascaux, France. L'étude repose sur des mesures de flux de sève et de résistivité électrique, complétées par des données climatiques et de teneur en eau du sol et de la roche. Les résultats mettent en évidence des variations saisonnières des flux d'eau, ainsi que des réponses différenciées entre horizons superficiels et profonds, liées aux précipitations et aux périodes de sécheresse. La comparaison entre la résistivité électrique, les flux de sève et la teneur en eau révèlent des liens étroits entre dynamique des arbres et humidité du sol selon la localisation des arbres et la nature géologique du sol. L'abattage des arbres autour de la grotte a entraîné une baisse de l'évapotranspiration et une augmentation locale du contenu en eau du massif, des estimations de volumes d'eau et donc une hausse du débit à l'émergence. Les mesures journalières quant à elles, montrent l'influence de la couverture végétale et de la transpiration sur les variations de résistivité, avec un effet tampon sous les arbres. Des décalages temporels entre flux de sève et résistivité suggèrent des transferts profonds liés à l'activité racinaire. L'étude souligne l'impact des interventions forestières sur l'hydrogéologie souterraine, les limites liées aux conditions climatiques et aux corrections de température.
ED Sociétés, Politique, Santé Publique
English Medium Instruction (EMI) - L'exploration des littératies de l'enseignement supérieure française : politique, société et enjeux pédagogiques
par Barbara WARSINSKY (Laboratoire Cultures, Education, Sociétés)
Cette soutenance a lieu à 14h00 - Salle des commissions Département langues et de cultures Bâtiment DLC 3 place de la victoire 33000 Bordeaux
devant le jury composé de
- Martine DERIVRY - Professeure des universités - INSPE Université de Bordeaux - Directeur de these
- Anne-Marie BARRAULT-METHY - Maîtresse de conférences - Université de Bordeaux - Examinateur
- George ALAO - Professeur des universités - INALCO - Rapporteur
- Claire CHAPLIER - Professeure des universités - Université de Toulouse - Rapporteur
- Jérémy PICOT - Maître de conférences - Université de Strasbourg - Examinateur
L'enseignement en anglais (EMI) est devenu une orientation importante dans l'enseignement supérieur international. En Europe en particulier, il s'est développé d'abord comme un moyen de mettre en œuvre le programme d'échange d'étudiants ERASMUS, puis dans le cadre du développement de l'Espace européen de l'enseignement supérieur. Au même moment, l'économie politique néolibérale encourageait de tels développements, et l'enseignement en langue anglaise était considéré comme bénéfique à l'internationalisation de l'enseignement supérieur. Les pays d'Europe du Nord ont adopté l'EMI plus rapidement que les pays d'Europe du Sud, y compris la France. Si la recherche s'est développée depuis les années 1990, l'enseignement supérieur français reste relativement peu étudié. Dans la première partie d'un projet de recherche à méthodes mixtes, une étude ethnographique de deux ans menée dans un établissement d'enseignement supérieur français a permis d'explorer ce qu'était l'EMI et ce qu'il impliquait dans ce contexte. L'ethnographie a mis en évidence de multiples manifestations de l'EMI pour différentes parties prenantes, révélant des questions politiques, sociales et pédagogiques. D'un point de vue pédagogique, l'accent a été mis sur la manière dont les étudiants développent leur écriture en anglais au niveau du master, alors qu'il n'existe pas de système d'aide pour l'écrit, contrairement aux universités américaines, et que l'anglais n'est pas le moyen de communication en France. Des questions politiques et sociales ont été soulevées à propos de l'anglais en tant que lingua franca (ELF), des littératies académiques et de la perspective plurilingue/pluriculturelle de l'Union européenne. Une expérience a été menée avec une intervention pédagogique qui n'a pas été concluante, mais qui a révélé l'importance de saisir toute la complexité d'un écosystème plurilingue/ pluriculturel. L'ensemble de l'étude a permis de clarifier les éléments d'un tel écosystème et la manière dont ils ont été construits pour fonder l'écrit en anglais pour les sciences sociales dans l'enseignement supérieur français. La valeur de la méthode ethnographique s'est avérée bien plus pertinente que l'expérience basée sur la théorie de la charge cognitive pour saisir la nature multi-scalaire de l'écrit en anglais selon une perspective des littératies plurilingues et pluriculturelles. Des recommandations sont proposées pour enseigner et soutenir le développement de l'écriture des étudiants dans le contexte des sciences sociales françaises.
Dire ou taire son exposition ? Une sociologie de la non-participation des travailleurs agricoles au débat sur les pesticides
par Agossè Nadège DEGBELO (Environnement, Territoires en Transition, Infrastructures, Sociétés)
Cette soutenance a lieu à 14h00 - Amphithéâtre 50 Avenue de verdun, 33610 Cestas Gazinet
devant le jury composé de
- Valérie DELDREVE - Directrice de recherche - Université de Bordeaux - Directeur de these
- Samuel JULHE - Professeur des universités - Université Clermont Auvergne - Rapporteur
- Chantal CRENN - Professeure des universités - Université Paul-Valréy-Montpellier 3 - Examinateur
- Bénédicte ZIMMERMANN - Directrice d'études - Centre George Simmel, EHESS - Rapporteur
- Giovanni PRETE - Maître de conférences - Université Sorbonne Paris Nord - Examinateur
- Antoine ROGER - Professeur des universités - Sciences Po Bordeaux - Examinateur
Les effets sanitaires liés à l'usage des pesticides agricoles sont de plus en plus documentés, notamment par les recherches épidémiologiques. Leurs résultats suscitent en France de vives inquiétudes et d'importantes mobilisations, émanant d'associations environnementales, de riverains, de consommateurs ou d'élus locaux. Leurs voix, fortement médiatisées depuis le milieu des années 2010, s'élèvent pour dénoncer l'usage de ces produits en agriculture. À l'inverse, celles des agriculteurs – et plus encore celles des salariés agricoles – restent peu audibles. Ces acteurs sont pourtant concernés au premier chef, tant par l'usage des pesticides, usage dont la décision leur revient en partie, que par leurs effets nocifs sur la santé, effets dont ils sont les premières victimes. Comment comprendre leur quasi-absence dans le débat public, et l'inaction apparente qu'elle semble traduire, alors que leur surexposition est prouvée ? Notre recherche doctorale interroge ce paradoxe en combinant l'analyse secondaire de données de la cohorte AGRICAN et une enquête qualitative menée dans deux secteurs : la viticulture girondine et la culture de carottes de plein champ dans les Landes. En mobilisant l'approche par les capabilités, elle met en lumière les processus institutionnels, organisationnels et situationnels qui génèrent cette non-participation. Pour mieux comprendre ce qui « exclut » la majorité des travailleurs des discussions publiques autour des pesticides, l'enquête s'est notamment intéressée à la division sociale de l'exposition à ces produits que ce soit en situation d'activité ou en dehors, ainsi qu'à la prise de parole des travailleurs agricoles dans les espaces ordinaires d'exposition et dans les espaces publics du débat, notamment en viticulture girondine. Elle révèle des processus et mécanismes générateurs d'une inégale capacité des travailleurs à penser la dangerosité des pesticides, à se dire victimes, à se soustraire à l'exposition et à l'usage de ces produits et à en parler. Ces inégalités opèrent entre statuts, puis au sein même des statuts (de « saisonnier » et de « chef d'exploitation »), les plus précarisés des mondes agricoles étant les plus impactés.