ED Entreprise Economie Société
L'indépendance de la banque centrale, le cas de la banque centrale de Mauritanie
par Jemal BREIDELEIL (BSE - Bordeaux sciences économiques)
Cette soutenance a lieu à 13h00 - Salle Manon Cormier Université de Bordeaux 16 avenue Léon Duguit 33608 Pessac CEDEX
devant le jury composé de
- Matthieu MONTALBAN - Maître de conférences - Université de Bordeaux - Directeur de these
- Yamina TADJEDDINE - Professeure des universités - Université de Lorraine - Rapporteur
- JEAN-FRANÇOIS PONSOT - Professeur des universités - Laboratoire Pacte Université de Grenoble - Rapporteur
- CATHERINE FIGUIERE - Professeure des universités - Université de Grenoble - Examinateur
- Odile LAKOMSKI-LAGUERRE - Maîtresse de conférences - Université de Picardie Jules Verne (Amiens) - Examinateur
- Jérôme MAUCOURANT - Maître de conférences - Université Jean Monnet de Saint-Etienne - Examinateur
- Bertrand BLANCHETON - Professeur des universités - BSE Université de Bordeaux - Examinateur
- Alain PIVETEAU - Maître de conférences - Institut de recherche pour le développement (IRD) - CoDirecteur de these
Depuis leur émergence, les banques centrales ont évolué pour devenir des acteurs clés de la construction économique. Leur indépendance est souvent présentée comme une nécessité pour protéger les politiques monétaires des influences politiques à court terme. Cependant, cette vision reste essentiellement fondée sur une conception marchande de la monnaie, ignorant son caractère profondément institutionnel, social et politique. Cette thèse explore donc les dynamiques de la monnaie, des banques centrales, et des ordres sociaux, avec un accent particulier sur la Mauritanie. L'objectif principal est de comprendre comment les systèmes monétaires, la politique économique, et les institutions évoluent au fil du temps et dans différents contextes sociaux. Le fil conducteur de cette recherche est l'idée que l'État moderne et les banques centrales jouent un rôle central dans la transition entre les systèmes sociaux fondés sur des relations personnelles caractérisés par une circulation des biens et services via les relations personnelles et ceux basés sur des relations impersonnelles, caractérisées par l'économie de marché. C'est une thèse d'économie politique de la monnaie qui couvre un large éventail de sujets, incluant l'indépendance des banques centrales, les luttes politiques et économiques autour de la souveraineté monétaire, et l'impact des institutions sur la transformation des sociétés. En adoptant une approche pluridisciplinaire, cette thèse cherche à montrer comment les banques centrales agissent comme des institutions de verrouillage du dispositif institutionnel indispensable au fonctionnement de l'économie de marché. Le cadre théorique repose sur l'idée que la monnaie et les banques centrales sont au cœur de la construction sociale et économique moderne. L'indépendance des banques centrales, bien que souvent perçue comme un principe récent, trouve en réalité ses racines dans des périodes antérieures à la suppression des accords de Bretton Woods. Toutefois, la question de l'indépendance des banques centrales ne peut être appréhendée uniquement du point de vue des relations gouvernement-banque centrale. Elle doit être considérée dans un contexte plus large, qui inclut les forces internes (acteurs privés) et externes ((institutions financières internationales, marchés financiers) ainsi que leurs tentatives d'appropriation de l'institution monétaire. Cette thèse se penche également sur le cas particulier de la Mauritanie, une société tribale où les relations personnelles jouent encore un rôle important dans l'économie. La greffe des institutions de l'ordre impersonnel, telles que les banques centrales, sur une structure sociale où prédominent les relations personnelles, crée un ordre semi-impersonnel. Ce processus met en lumière les défis que rencontre la greffe des institutions de l'ordre impersonnel sur l'ordre personnel.