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Soutenances du 14-10-2025

2 soutenances à ED Sociétés, Politique, Santé Publique

Université de Bordeaux

ED Sociétés, Politique, Santé Publique

  • Le rétablissement dans les pratiques en santé mentale : outils et leviers de transformation

    par Simon FELIX (Laboratoire de Psychologie)

    Cette soutenance a lieu à 14h30 - Amphitéâtre Pitres 3 ter Place de la Victoire, 33000 Bordeaux, France

    devant le jury composé de

    • Antoinette PROUTEAU - Professeure des universités - Université de Bordeaux - Directeur de these
    • Christophe LANCON - Professeur des universités - praticien hospitalier - APHM Hopitaux Universitaires de Marseille / Aix-Marseille Université - Rapporteur
    • Stéphane RAFFARD - Professeur des universités - Université Paul-Valéry Montpellier 3 - Rapporteur
    • Marc CORBIERE - Full professor - Université du Québec à Montréal (UQAM) / Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CR-IUSMM) - Examinateur
    • Deborah SEBBANE - Docteure - Centre collaborateur de l'OMS pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS) - Examinateur

    Résumé

    (Provisoire - modifications prévues fin août avant dépôt final manuscrit) En 2019 selon l'Organisation Mondiale de la Santé, 1 personne sur 8 dans le monde vivait avec un trouble psychique. Les troubles psychiques sévères (SMI, severe mental illness) sont source d'importantes restrictions de participation, et donc à l'origine de nombreuses situations de handicap. Pourtant il est possible et même fréquent de se rétablir d'une SMI (Harding et al., 1987 ; Harrison et al., 2001 ; Harrow et al., 2005 ; Slade & Longden, 2015 ; Warner, 2010). A l'inverse du modèle biomédical de la maladie mentale, les mouvements internationaux qui regroupent les usagers de la psychiatrie tendent à définir le rétablissement comme un processus subjectif, personnel et individuel, par lequel les personnes « construisent une vie épanouissante, pleine de sens, et un sentiment d'identité positif basé sur l'espoir et l'auto-détermination » (Adresen et al., 2003). Cette définition dite du « rétablissement personnel » s'extrait volontairement des critères objectifs de rémission symptomatologique ou fonctionnelle propres au modèle biomédical. Son adoption par les professionnels de santé mentale a constitué un changement de paradigme majeur dans l'accompagnement des SMI (Davidson, 2005 ; Slade et al., 2014). Suivant les recommandations de l'OMS (2021), de nombreux pays réforment leurs systèmes de santé mentale pour accompagner en priorité les personnes souffrant de SMI dans leurs parcours de rétablissement (Subandi et al., 2023). Cet engagement, caractérisé dans la littérature comme une « orientation rétablissement », se traduit par des transformations profondes dans l'organisation des structures de soin et des pratiques des professionnels de santé, afin de mieux soutenir le rétablissement personnel. La France est également concernée par ce mouvement mondial de transformation des pratiques en santé mentale : les projets territoriaux de santé mentale (Décret n° 2017-1200 du 27 juillet 2017) actent la volonté nationale de changement pour développer une approche orientée rétablissement des soins psychiatriques. Ce travail doctoral, par le biais du programme de recherche RECOR, prend acte de ce contexte et vise la production de connaissances scientifiques utiles à la transformation vers des services de santé mentale et des pratiques professionnelles orientés rétablissement. Trois axes de recherche y sont abordés. Le premier axe porte sur les indicateurs du rétablissement personnel, essentiels pour intégrer cette notion dans les accompagnements et dans l'évaluation de l'offre de soin. Une revue systématique de la littérature a permis d'identifier des mesures fiables et valides du rétablissement personnel, puis un de ces outils a été adapté et validé en langue française. Le second axe porte sur l'intégration du point de vue des usagers dans l'évaluation de la qualité des soins : pour refléter les priorités des personnes principalement concernées, cette évaluation doit intégrer la notion de rétablissement personnel. Une échelle de mesure a été adaptée et validée en contexte Français permettant aux usagers d'évaluer l'orientation rétablissement des services de santé mentale, soit le degré avec lequel le fonctionnement du service et les pratiques des professionnels suivent les principes de l'approche du rétablissement. Enfin, le troisième axe de recherche concerne plus directement les professionnels de santé mentale : un état des lieux était nécessaire pour identifier leurs besoins de formation et de potentiels leviers d'accompagnement au changement de pratiques. Une enquête nationale a donc été menée ayant pour objectif d'étudier les croyances, attitudes, et pratiques des professionnels au sujet du rétablissement, ainsi qu'en explorer les déterminants.

  • Mise en œuvre de la stratégie de la chimioprévention du paludisme pérenne au Togo : enjeux et efficacité en conditions réelles

    par Shino ARIKAWA (Bordeaux Population Health Research Center)

    Cette soutenance a lieu à 14h00 - Salle Nightingale 146 rue Léo Saignat, 33076 Bordeaux

    devant le jury composé de

    • Valérie BRIAND - Directrice de recherche - Inserm (UMR1219), Institut de recherche pour le développement (EMR 271), Université de Bordeaux - Directeur de these
    • Didier EKOUEVI - Professeur - Inserm (UMR1219), Institut de recherche pour le développement (EMR 271), Université de Bordeaux - CoDirecteur de these
    • Valériane LEROY - Directrice de recherche - UMR 1295, Inserm, Université Paul Sabatier Toulouse 3 - Examinateur
    • Ghislain SOPOH - Professeur - Institut Régional de Santé Publique - Examinateur
    • Renaud BECQUET - Directeur de recherche - Inserm (UMR 1219), Institut de recherche pour le développement (EMR 271), Université de Bordeaux - Examinateur
    • Gilles COTTRELL - Directeur de recherche - Institut de recherche pour le développement - Rapporteur
    • Bich-Trram HUYNH - Directrice de recherche - Institut Pasteur - Rapporteur

    Résumé

    Le paludisme reste un problème majeur de santé publique en Afrique subsaharienne, touchant particulièrement les jeunes enfants. Malgré la recommandation de l'OMS en 2010, seule la Sierra Leone a adopté le traitement préventif intermittent pour les nourrissons (TPIn), qui consiste à administrer un traitement thérapeutique complet d'antipaludéens (notamment la sulfadoxine-pyriméthamine, SP) lors des visites de vaccination de routine. L'OMS a récemment renommé l'IPTi en chimioprévention pérenne du paludisme (CPP), élargissant l'éligibilité par âge et proposant des stratégies adaptées aux spécificités des pays. Bien que cette flexibilité renforce l'approche menée par les pays, une mise en œuvre efficace de la CPP nécessite davantage de preuves. MULTIPLY est un projet de recherche de 40 mois sur la CPP, administrant jusqu'à six doses de SP aux enfants des districts sélectionnés du Mozambique, de la Sierra Leone et du Togo. Ce projet offre une opportunité unique d'aborder des questions clés de mise en œuvre, notamment la couverture vaccinale préexistante (la CPP étant délivrée via des services de vaccination) et son impact sur l'incidence du paludisme. Les données du Togo ont été analysées dans cette thèse de doctorat. L'enquête de base menée dans le district de Haho, au Togo, a révélé une prévalence élevée du paludisme (32,1 %) chez les enfants de moins de deux ans, avec des variations géographiques significatives. Les facteurs de risque associés à l'infection incluaient le fait de vivre dans un foyer sous la responsabilité d'une mère (OR ajusté 2,39, IC 95 % 1,43–3,99), la résidence à plus de 5 km d'un établissement de santé (OR ajusté 1,60, IC 95 % 1,04–2,44) et la présence de plusieurs enfants de moins de cinq ans au sein du ménage (OR ajusté 1,44, IC 95 % 1,01–2,07). La couverture vaccinale était faible : seuls 60,7 % des enfants de moins de deux ans étaient complètement vaccinés, tandis que 15,8 % n'avaient reçu aucune vaccination (zéro-dose). L'adhésion à la vaccination diminuait avec l'âge, passant de 84 % à la naissance à 35 % pour la deuxième dose du vaccin contre la rougeole à 15 mois. Les obstacles incluaient le découragement familial (17,4 %) et le manque de temps (15,1 %). Le statut zéro-dose était fortement associé à un faible niveau d'éducation des tuteurs (OR ajusté 5,02, IC 95 % 1,85–13,60), des préoccupations sur la sécurité des vaccins (OR ajusté 8,60, IC 95 % 3,32–22,30) et une non-dépendance aux systèmes de santé modernes (OR ajusté 3,06, IC 95 % 1,26–7,48), tandis que l'accès géographique aux soins n'était pas significativement lié à la vaccination. Les données longitudinales ont été en faveur de l'efficacité de la CPP pour réduire l'incidence du paludisme. Sur 24 mois, l'incidence du paludisme était de 17,8 pour 1 000 personnes-mois chez les enfants exposés à la CPP, contre 35,8 pour 1 000 chez les non-exposés (rapport d'incidence : 2,01, IC 95 % 1,43–2,87). Cette thèse met en évidence le potentiel de la CPP à réduire significativement le paludisme lorsqu'elle est intégrée aux plateformes de vaccination existantes. Cependant, des défis tels qu'une faible couverture vaccinale et un taux élevé d'enfants zéro-dose pourraient limiter son impact. Ces résultats apportent des preuves opérationnelles essentielles pour l'élaboration de stratégies de la CPP adaptées aux spécificités locales, conformément aux recommandations de l'OMS.