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Soutenances du 05-05-2025

1 soutenance à ED Sociétés, Politique, Santé Publique

Université de Bordeaux

ED Sociétés, Politique, Santé Publique

  • Entre dirigisme et néolibéralisme : Le programme de développement du "Sport de proximité" (2010-2023) dans l'évolution des politiques publiques sportives au Maroc

    par Marwane SIMOU (Laboratoire Cultures, Education, Sociétés)

    Cette soutenance a lieu à 13h00 - Salle A Faculté des STAPS, 12 Avenue Camille Jullian, 33607 PESSAC Cedex

    devant le jury composé de

    • Jean-François LOUDCHER - Professeur des universités - Université de Bordeaux - Directeur de these
    • André SUCHET - Maître de conférences - Université de Bordeaux - CoDirecteur de these
    • Mariette SIBERTIN-BLANC - Professeure des universités - Université Toulouse-Jean Jaurès - Examinateur
    • Gilles VIEILLE MARCHISET - Professeur des universités - Université de Strasbourg - Examinateur
    • Eric PERERA - Professeur des universités - Université de Montpellier - Rapporteur
    • Faycel KADA - Maître de conférences - Université Ibn Toufayl / Kénitra - Rapporteur

    Résumé

    Cette thèse analyse l'évolution des politiques publiques sportives au Maroc au XXIe siècle à travers l'étude du programme de développement d'un sport dit de proximité et de ses centres socio-sportifs mis en œuvre au Maroc à partir de 2010. Ce programme illustre un profond changement dans l'orientation de la politique du pays. Il vise à démocratiser l'accès au sport à travers le développement d'infrastructures locales et l'implication des collectivités territoriales, et l'année suivante les activités physiques et sportives sont inscrites comme « droit fondamental » dans la Constitution. L'analyse mobilise plusieurs cadres conceptuels. L'approche sociohistorique de Gérard Noiriel permet d'inscrire le sport de proximité dans une trajectoire institutionnelle de longue durée, mettant en évidence les continuités et ruptures des politiques sportives marocaines depuis l'indépendance. L'analyse des réseaux d'action publique de Rhodes éclaire les relations entre l'État, les collectivités, les associations et les citoyens, en révélant les logiques de coopération, de concurrence et les négociations de pouvoir structurant la gouvernance du sport. L'analyse stratégique des organisations de Michel Crozier et Erhard Friedberg apporte une lecture des stratégies déployées par les acteurs pour influencer la gestion des infrastructures sportives, en s'appuyant sur les notions de pouvoir, de ressources et de zones d'incertitude. Enfin, les travaux de Ian P. Henry sur la gouvernance sportive permettent d'analyser comment la gestion des équipements sportifs de proximité oscille entre modèle centralisé et décentralisation influencée par les transformations institutionnelles et les logiques néolibérales. L'analyse de cette politique sportive à l'échelle nationale, depuis son lancement en 2010 sous l'égide du ministre Moncef Belkhayat jusqu'en 2023, est complétée par étude de cas dans la région de Rabat-Salé-Kénitra : elle mobilise une méthodologie combinant, analyse documentaire, étude des discours sur les réseaux sociaux, entretiens semi-directifs, groupes de discussion avec les usagers et observations participantes sur plusieurs années. Ce travail met en lumière les tensions et opportunités liées au développement du « sport de proximité » au Maroc, dans un contexte de transformation des politiques publiques et de reconfiguration des rapports de pouvoir entre l'État et les acteurs locaux. Il souligne les défis institutionnels, politiques et sociaux liés à la mise en œuvre des infrastructures sportives locales et interroge l'équilibre entre contrôle étatique et délégation aux acteurs territoriaux. En définitive, les résultats de cette recherche révèlent un modèle hybride de gouvernance, qualifié de dirigisme néo-libéralisé, où l'État conserve un contrôle fort tout en favorisant une implication croissante des collectivités territoriales et des acteurs privés. Le modèle marocain ne correspond ni à un néolibéralisme pur (où l'État se désengage au profit du marché et de la concurrence) ni à un dirigisme absolu (où l'État contrôle tout). Il s'agit d'un compromis stratégique où l'État reste l'acteur dominant, tout en intégrant des éléments néolibéraux de manière sélective et contrôlée.