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Soutenances du 02-10-2025

1 soutenance à ED Sociétés, Politique, Santé Publique

Université de Bordeaux

ED Sociétés, Politique, Santé Publique

  • État de santé et accès aux soins préventifs des migrants sans papiers en France : rôle de la migration, des conditions de vie en France et comparaison avec les immigrés en situation régulière

    par Sohela MOUSSAOUI (Bordeaux Population Health Research Center)

    Cette soutenance a lieu à 13h00 - Amphithéâtre 6 ISPED, Université de Bordeaux, Campus Carreire, 146 Rue Léo Saignat, 33000 Bordeaux

    devant le jury composé de

    • Jérôme WITTWER - Professeur des universités - Université de Bordeaux - Directeur de these
    • Julie DUPOUY - Professeure des universités - Université de Toulouse - Rapporteur
    • Yves JACKSON - Professeur associé - Université de Genève - Rapporteur
    • Maria MELCHIOR - Directrice de recherche - iPLesp , unité de Recherche ESSMA - Examinateur

    Résumé

    Les migrants sans titre de séjour (MSTS) en France constituent une population marginalisée dont la santé est peu étudiée. Cette thèse propose d'explorer l'état de santé, l'accès à la prévention, ainsi que l'articulation entre douleur et santé mentale chez les migrants sans titre de séjour, tout en analysant l'influence des déterminants sociaux de santé (DSS) et en particulier des conditions de vie sur ces différents aspects. Ce travail a été mené à partir de l'enquête Premiers Pas qui est une enquête représentative des MSTS en France et d'un échantillon représentatif des migrants avec titre de séjour (MATS) en France (EHIS). Le premier axe portait sur l'état de santé général des MSTS. Les indicateurs analysés étaient la dépression, l'asthme, l'hypertension, le diabète et l'état de santé perçu. Des prévalences élevées de dépression et de mauvais état de santé perçu étaient retrouvées avec une forte influence des conditions de vie. Après ajustement sur plusieurs DSS, les MSTS présentaient un risque plus élevé de dépression et de mauvais état de santé perçu que les MATS. Le deuxième axe s'est intéressé à l'accès aux soins préventifs et la consommation de tabac et d'alcool. De la moitié à deux tiers des participants déclarait avoir eu accès à des soins préventifs depuis l'arrivée en France. L'accès à une couverture maladie (Aide Médicale de l'État) et le temps passé en France étaient de facteurs favorisants. Même si elles étaient en dessous de celles de la population générale française, les prévalences de consommation de substance étaient non négligeables. Ces consommations étaient plus fréquemment retrouvées chez les hommes et chez les personnes originaires d'Afrique du Nord. Les taux de consommation de tabac étaient plus élevés chez les MSTS que chez les MATS. Enfin, le troisième axe proposait d'analyser l'association entre douleur et santé mentale chez les MSTS. Nos résultats ont mis en évidence une association forte et persistante entre ces deux dimensions, même après ajustement sur les DSS. Ce résultat est un argument en faveur d'une exploration systématique de la santé mentale des MSTS consultant pour douleurs. Ces différents axes apportent des données empiriques inédites montrant que la santé des MSTS en France est fortement influencée par les conditions de vie dégradées. Le plus mauvais état de santé des MSTS, arrivées plus récemment, en comparaison avec les MATS, en France depuis plus longtemps, pose la question de l'application des théories connues sur la santé des migrants, telles que l' « exhausted migrant effect ». Même si les résultats de cette thèse ne permettent pas d'affirmer que ces théories ne s'appliquent pas sur les MSTS, ils permettent néanmoins de suggérer que pour certains indicateurs de santé l'effet des conditions de vie dégradées sur la santé peut nuancer voire contrebalancer les effets des théories de la migration. Il est probable qu'au sein même de la population de MSTS, l'effet des conditions de vie ait un impact différent selon par exemple le mode d'entrée en France (avec ou sans titre de séjour). En conclusion, les résultats de ce travail soulignent l'importance des déterminants structuraux de la santé tels que les politiques publiques pour répondre aux problématiques en lien avec les conditions de vie. Des mesures telles que l'accès légal au marché travail, l'accès aux logements sociaux ou la régularisation du statut administratif sont des facteurs d'intégration majeurs permettant une stabilité financière et administrative et pouvant influencer positivement l'état de santé des MSTS. Même si dans nos résultats l'accès à une couverture maladie expliquait très peu les différences en termes de santé, les politiques de santé publique ont aussi un rôle important à jouer dans la santé et l'accès aux soins de cette population. Une meilleure intégration des besoins spécifiques et notamment des facteurs psychosociaux des MSTS pourrait permettre de favoriser leur intégration dans le système de soin.