Soutenance en Sciences économiques
par Céline HUBER (BSE - Bordeaux sciences économiques)
Cette soutenance a lieu le 04-07-2025 à 14h00 - Salle des thèses Université de Bordeaux, 16 avenue Léon Duguit, 33600 Pessac
devant le jury composé de
Les controverses liées au changement d'usage des sols et à la conservation de la biodiversité reflètent les tensions croissantes entre priorités environnementales et économiques. Si l'idée selon laquelle les sociétés humaines ont besoin de la nature pour prospérer fait consensus, il demeure essentiel de concilier cette dépendance avec les exigences liées à l'aménagement des infrastructures nécessaires à la satisfaction des besoins fondamentaux. Dans la pratique, le développement humain s'effectue souvent au détriment des milieux naturels, entraînant une érosion marquée de la biodiversité. Le changement d'usage des terres et la destruction des habitats figurent ainsi parmi les principales causes de perte de biodiversité à l'échelle mondiale (IPBES, 2019). Nous avons choisi d'aborder trois instruments visant à lutter contre la perte de biodiversité et à promouvoir la durabilité : la compensation écologique (BOs, instruments économiques), les réserves de conservation ou aires protégées, et les approches volontaires. D'autres instruments incluent les réglementations (approches de type « command and control ») ainsi que les mesures d'éducation et de sensibilisation (Darbi, 2020; Earl et al., 2010). Les contributions clés de ces travaux sont à la fois théoriques, via la définition de modèles théoriques, et pratiques, à travers des explorations de terrain. Trois études de cas illustrent notre approche, dont deux situées dans des mangroves de la côte ouest de Madagascar, et une à Bruxelles, en Belgique, issue d'un projet d'aménagement qui a suscité une controverse autour du partage de l'usage des sols au cours des dernières années. En premier lieu, nous nous sommes concentrés sur la définition d'un modèle visant à réconcilier développement économique et temps de récupération nécessaire à la biodiversité, afin de proposer un prix optimal de compensation de la biodiversité (OSP) par unité de terrain aménagé. Le concept de compensation écologique est né autour des années 1970 aux Etats- Unis et a gagné en popularité depuis les années 2010. Bien que controversé, il est perçu comme la principale solution pour concilier développement économique et conservation de la biodiversité. Nous avons développé un modèle multicritère, dynamique et spatialement explicite visant à concilier les objectifs économiques et écologiques. L'application aux mangroves et à l'aquaculture dans la baie de Mahajamba, à Madagascar, illustre les résultats analytiques et montre notamment que le prix actuel des compensations biodiversité est trop faible. Deuxièmement, à travers une exploration de terrain et une approche plus institutionnelle, nous avons appliqué le cadre ostromien pour évaluer l'équité d'une gestion déléguée d'un écosystème de mangrove aux communautés locales, situées dans la région du Menabe, à Madagascar. Nous avons examiné les différentes dimensions de la justice environnementale pour évaluer les pratiques de gestion et formuler des recommandations. Troisièmement, nous avons élaboré un cadre d'analyse combinant l'analyse des Capabilités (CA) et la théorie de la Viabilité (VT) afin de produire une approche multicritère - incluant des aspects de bien-être, dynamique et cohérente avec une perspective de durabilité forte et avec les Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD). Ce cadre met l'accent sur la dimension collective des décisions liées au partage durable de l'usage des sols.